Ton analogie est certes puissante, mais son côté dichotomique a comme objectif inavoué de me faire prendre parti
Moua? Je ne vois vraiment pas ce que tu veux dire...
Au lieu de t'attaquer à la base rampante de cette communauté, pourquoi ne pas faire place à un petit accomodement raisonnable?
En lisant ça, je comprends mieux pourquoi le Québec est encore un territoire occupé... Les "
accomodements raisonnables" c'est bien en théorie, mais que fais-tu lorsque tu dois dealer avec le
mal absolu (l'Empereur Palpatine, Adolph Hitler, Pierre L'Hoest etc.
)? Les bonnes intentions sont louables pour la générosité dans laquelle elles s'originent, mais indigentes face aux assauts perfides des suppots de Satan!
Laissons les deux solitudes parler d'elles-mêmes, se rapprocher, se compléter.
J'ai justement, dans cette optique, proposé de déglinguer la boite à benco de Kartie. Mais ce dernier n'a pas donné suite à ma proposition de paix (remarque,
qui ne dit mot consent... C'est quand le CDF déjà?!!!
)
Telles la matière et l'anti-matière, il viendra un jour où establishment et anti-establishment s'uniront pour former une source nouvelle et soudaine d'énergie inépuisable, à laquelle les grands leaders de ce monde ne pourront tourner le dos. En somme, l'extrémisme confessionnel ne pourra jamais représenter une issue véritable et viable à nos conflits intertribaux.
Bon, maintenant je cause sérieusement et j'arrête mes conneries: je suis entièrement d'accord avec toi, à une différence près. Je pense en effet que l'enjeu n'est pas de parvenir à articuler la diversité des opinions afin de soumettre les leaders,
mais qu'il faudrait inventer les modalités de dialogue et de délibération permettant de se passer de leaders. Car justement, la présence de leaders nous incite à nous positionner vis-à-vis de... "l'échiquier des leaders" dirons-nous. Je pense que le spectacle des élites stimule les reflexes militants, les reflexes opposants, bref les
pour, les
contre, les
pro, les
anti et tutti quanti. A mon sens, étiquettes idéologiques et logiques partisanes constituent de sérieuses entraves au développement et à la pérennisation de l'intelligence collective et du
vivre-ensemble. Vivre-ensemble qui devient alors - prenons le champ politique - non plus l'objectif principal, mais un argument de communication cyniquement mis en avant afin d'impacter positivement l'électorat indécis, de renforcer les convaincus et, sait-on jamais?, de convertir les opposants ou à tout le moins faire vaciller leurs croyances, alors que l'objectif réel est uniquement la victoire d'un camp. Selon moi, la démocratie dite représentative (articulée autour des partis politiques) est un piège terrible pour les peuples, qui d'une part ne sont - pour une grande majorité - pas représentés, et d'autre part sont pernicieusement conviés à cultiver leurs désaccords plutôt que leurs points de convergence (à cela s'ajoute également la dimension déresponsabilisante du VOTE, qui permet à nos lachetés de s'exprimer en toute impunité). Par ailleurs, le système d'opposition partitaire, s'il met en exergue ce qui nous divise, nous donne dans le même temps le sentiment qu'une offre idéologiquement pluraliste nous est proposée. A titre d'exemple, je citerais la soit-disante opposition en Europe entre sociodémocrates et libéraux. Les uns et les autres s'emploient, dans leurs discours aux niveaux nationaux, à exacerber leurs soit disantes différences, tout en travaillant de concert au niveau de l'Union Européenne: les grands traités européens (Nice, Amsterdam, Barcelone...), dont les dispositions s'appliquent dans chacun des Etats membres (à savoir: aujourd'hui, plus de 70% des lois dites nationales sont l'application pure et simple - et obligatoire! - des directives européennes!) ont été ratifiés main dans la main par les sociodémocrates et les libéraux, et la plupart du temps à l'unanimité! Bref, on crée l'illusion de divergences politiques dans les discours nationaux, pour décider conjointement l'essentiel des politiques au niveau européen (et comme par hasard, les grands médias nous parlent bien moins des décisions prises au niveau européen que des luttes de chefs aux niveaux nationaux).
Bref, voilà quelques-uns de mes griefs vis-à-vis de nos fausses démocraties et de l'institutionnalisation du conflit sur lesquelles elles reposent. C'est pour cela que je suis assez intéressé par des systèmes tels que la stochocratie (ou lotocratie, ou sortition), reposant sur le tirage au sort des dirigeants (non pas un tirage au sort des élites politiques - président, ministres etc. - mais un tirage au sort d'une vaste assemblée dirigeante, fut-elle ensuite subdivisée territorialement et/ou "thématiquement", par champ d'activité). Je ne développe pas ici dans le détail (pour ça, les posts c'est pas l'idéal), notamment les questions relatives à la mise en place d'un tel système et à son organisation fonctionnelle, et je me contenterai de dire que ce genre de système de gouvernance aurait,
en théorie, le mérite de faire disparaitre les partis politiques et d'atténuer les logiques de confrontation au sein des peuples (les individus n'auraient plus d'étiquettes politiques, plus de leaders à vénérer etc.).
Bref, je suis d'accord avec toi Simon lorsque tu dis que "
l'extrémisme confessionnel ne pourra jamais représenter une issue véritable et viable à nos conflits intertribaux". J'ai cité le champ politique en exemple, mais je pense que cela est tout à fait valable dans d'autres sphères d'existence, comme la religion par exemple.
Que ce soit pour la politique et la religion, je pense qu'il est important, pour tendre vers l'objectif que tu as énoncé, de cultiver
l'idée que nous sommes tous des croyants. Je pense que c'est un point primordial.
Je m'explique: selon moi,
la croyance s'oppose à la conviction. Dire "
Je crois" = "
Je n'en suis pas sur à 100% mais il me semble que...". Or je pense que nos sociétés sont constitués d'un nombre problématiquement élevé de
convaincus, c'est à dire de gens ouvertement inflexible sur certaines idées.
Le croyant est dans une posture d'ouverture vis-à-vis d'autrui, puisqu'il lui signifie que ses positions sont susceptibles de changer. Le convaincu est lui dans une attitude de fermeture - il signifie d'entrée de jeu qu'il ne changera pas d'avis - et sa participation à la discussion ne peut en définitive que se réduire à un prosélytisme difficilement supportable pour l'interlocuteur.
Pour parler des religieux, on dit généralement que ce sont des croyants. Pour moi la réalité est très différente: je pense que
les religions comportent des croyants et des convaincus. Les croyants (que je soupçonne d'être minoritaires sur ce coup là) signifient "
Je pense que Dieu existe", tandis que les convaincus disent "
Dieu existe". C'est la même chose avec les athés: certains signifient "
Je pense que Dieu n'existe pas" (athés croyants), et d'autres disent "
Dieu n'existe pas" (athés convaincus).
Entre deux convaincus, le débat fécond est impossible selon moi. Entre un convaincu et un croyant, il est extrêmement difficile, parfois impossible. Entre deux croyants, il n'y pas (trop) de problèmes.
Bref, je pense qu'un zest d'agnosticisme ferait le plus grand bien à tout le monde, tant dans le domaine religieux que dans le domaine politique (ou autres domaines d'ailleurs).
Perso, je me définirais, question religion, "athé croyant" (ou agnostique tendance athé, appelez ça comme vous voulez), c'est à dire que spontanément je pense que Dieu est une invention de l'homme (athé), mais je mets également en avant le fait que je n'en sais en définitive rien (croyant), et que par là même je suis suceptible de changer d'avis. Ben je trouve qu'il est beaucoup plus facile pour moi de converser avec un "catholique croyant" (agnostique tendance catholique) ou un "musulman croyant" (agnostique tendance musulman) qu'avec un athé convaincu.
Il me parait urgent de nous départir de notre "orgueil communicationnel". Si
s'exprimer est synonyme de
s'imposer, on n'y arrivera pas. En revanche, si la discussion est un cadre au sein duquel les différents participants acceptent l'idée qu'ils vont peut être en ressortir
enrichis et
changés, mais aussi
enrichissants et
vecteurs de changement pour les autres, alors y'a de l'espoir. Bref, il faudrait substituer à la concurrence communicationnelle la solidarité communicationnelle.
BabzzZ, smkarteur super tolérant mais qui ne pourra s'empêcher de faire une petite exception avec Kartie.
P.S: mon speech est un peu parti dans tous les sens, vous m'excuserez, je me sens pas d'humeur à me la jouer rigoriste universitaire...
P.P.S: oui je sais, on va me dire que je suis contre le vote et que je vous appelle à voter dans ce topic. Je me tirerais de ce mauvais pas en vous rappellant qu'il s'agit ici que d'un simple sondage... Puis avec un peu de chance, vous aurez vite abandonné la lecture de ce post et vous ne pourrez donc pas me faire l'objection...
Je croyais que le Québec s'était rendormi durant les années 80?
Ouais, je sais... J'avais un peu envie de mythifier le truc hier soir...
C'est clair que c'est "paradoxal" (guillemets car c'est un faux paradoxe): le projet souverainiste a gagné des voix en même temps que sa substance politique s'est effilochée... Va falloir revitaliser tout ça!